Le Surf-Rock désigne un genre musical apparu en Californie à la fin des années 1950 qui prend son envol dès 1961 et qui connaîtra une certaine popularité jusqu’en 1964. Intimement lié au surf et à sa culture alors florissante dans les environs de Los Angeles, il se caractérise par des chansons courtes, concentrées et rapides aux mélodies simples et enjouées, sur des rythmes voisins du rock’n’roll dont il est un dérivé. Le Surf-Rock apparaît à la fin des années 50 en Californie. A l’origine, il n’est pas véritablement un genre particulier, mais simplement du rock’n’roll « habité » par la culture californienne du surf. Le pionnier du Surf-Rock serait Dick Dale qui avec son groupe The Del-Tones, l’aurait inventé en 1957 et se serait par la suite auto-proclamé « The King Of The Surf Guitar ». Dans son sillage apparaîssent de nombreux groupes comme The Challengers, The Chantays ou Eddie and The Showmen. Musicalement, le Surf-Rock se distingue par certaines caractéristiques: morceaux instrumentaux (notamment au début du mouvement ; les Shadows seront souvent considérés comme des pionniers du Surf-Rock), prédominance de la guitare (principalement de marque Fender: Stratocaster, Jazzmaster ou Jaguar ; Dick Dale aurait d’ailleurs préféré le son des Fender après avoir essayé une Gibson), usage de la reverbération et du vibrato, rythme rapide de la batterie en 4/4. Le Surf-Rock s’inspire aussi des sonorités latines (beaucoup de musiciens mexicains vivent en Californie) et du rythme agressif du jazz à la batterie. De nombreuses musiques traditionnelles comme Perfidia, Greensleeves ou Misirlou seront adaptés en Surf-Rock. Le son caractéristique du Surf-Rock est censé évoquer le glissement sonore de la planche de surf sur la vague.
Le Surf-Rock évolue ensuite à partir de 1962-1963 et devient vocal avec notamment les Beach Boys, qui vont véritablement populariser le style et lui faire acquérir une audience internationale. La popularité des Beach Boys vont les faire passer à tort comme les inventeurs du style et entraîner un certain engouement pour cette musique. Leurs chansons sont très souvent élaborés, avec des chœurs et harmonies complexes. Les paroles évoquent la vie facile du surfer préoccupé de filles, de soleil, de surf et de grosses voitures américaines dans lesquelles il s’en va draguer (cruising).
La mode s’étend rapidement de 1962 à 1963 et des groupes comme Jan & Dean, The Ventures, The Rivieras et The Surfaris connaissent leurs heures de gloire. De nombreux titres comme Wipe Out (de The Surfaris), Walk Don’t Run (de The Ventures), Pipeline (de The Chantays) ou Bombora (du groupe australien The Atlantics), se placent dans les charts internationaux. L’engouement pour le Surf-Rock est telle que certains groupes comme par exemple, les Trashmen (argot américain signifiant en français « éboueurs »), originaires de Minneapolis et auteurs de Surfin’ Bird en 1963 (4e aux États-Unis), chante la Surf Attitude. La scène surf servit souvent de tremplin à de nombreux musiciens et producteurs (dont Lou Adler et Gary Usher), qui y firent leurs premières armes et se reconvertirent ensuite vers d’autres genres musicaux.
Le Surf-Rock s’essoufle à partir de 1964 et disparaît des sommets des hit-parades vers 1964-65 avec l’engouement du public américain pour la musique venue de Grande-Bretagne (Beatles, Rolling Stones et Who). La British Invasion incarne les changements de goût du public et peu de groupes américains y survivront. Les Beach Boys seront l’un des rares groupes de Surf-Rock à rivaliser avec les groupes britanniques mais en s’orientant définitivement vers la pop music et en s’écartant de la culture surf.
Le Surf-Rock fut à partir de là, décrié parce qu’il était associé à une culture de jeune blanc américain insouciant (filles, soleil, voitures et surf), ce qui cadrait mal avec les préoccupations du pays, plongé dans la guerre du Viêt-Nam et dans divers conflits impliquant la jeunesse (révoltes étudiantes, revendication des noirs, etc). Alors que la musique se radicalise et prend même une tournure politique, le Surf-Rock apparaît comme le symbole d’une culture très ethnocentrée, soumise à l’establishment et garant d’un « way of life » très fidèle aux valeurs américaines.
Dans Third Stone from the Sun, Jimi Hendrix dit : « You’ll never hear surf music again » (« Vous n’entendrez plus jamais de surf music. ») Les interprétations de cette phrase varient. Dick Dale était gravement malade à l’époque et Hendrix croyait qu’il était mort, ce qui aurait mis un terme à la surf music. L’autre version est relative à l’annulation d’un concert des Beach Boys lors d’un festival, Hendrix aurait voulu signifier que plus personne n’allait s’intéresser à ce groupe après cet épisode. En 1968, les Beatles se moqueront des Beach Boys et du Surf-Rock avec la chanson Back In U.S.S.R., une parodie du très chauvin Back In The USA de Chuck Berry.
À partir de la fin des années 1970, la surf music va connaître un regain d’intérêt de la part des groupes issus de la vague punk comme en témoignent les reprises de Surfin’ Bird, Wipe Out ou de California Sun par des groupes comme les Ramones ou les Toy Dolls. Certains styles de musique issus du punk, comme le Psychobilly, s’inspirent musicalement d’ailleurs de manière très ouverte, du Surf-Rock. Le skate punk, par son énergie, son sens de la mélodie, son lieu de naissance (la Californie), et la culture dans laquelle elle baigne (skate, surf et autres sports de glisse « fun ») a aussi une certaine filiation avec la surf music.
Même si le succès n’est plus au rendez-vous, le genre garde un certain caractère populaire et réapparaît épisodiquement, parfois dans des endroits inattendus. Il faut signaler un revival à Londres au début des années 1980 avec The Barracudas, puis The Surfin’ Lungs. Un autre retour a lieu aux États-Unis dans les années 1980, avec Jon and The Nightriders et dans les années 1990, avec The Aqua-Velvets, Los Straitjackets et Rudy and The Surf Kings. Les titres Miserlou de Dick Dale, Bustin’ Surfboards de The Tornadoes (1962), The Bullwinkle II de The Centurions, Comanche de The Revels ou encore Surf Rider de The Lively Ones figurent dans la bande originale de Pulp Fiction de Quentin Tarantino en 1994 (film qui a relancé un certain engouement pour le style).
Les artistes les plus représentatifs du genre (par ordre alphabétique)
- The Beach Boys
- The Chantays
- Dick Dale
- Jan & Dean
- Ronny & The Daytonas
- The Surfaris
- The Ventures
19 chansons représentatives du genre ( par ordre alphabétique)
BEACH BOYS, THE |
409 |
BEACH BOYS, THE |
CALIFORNIA GIRLS |
JAN & DEAN |
DEAD MAN’S CURVE |
BEACH BOYS, THE |
FUN, FUN, FUN |
RONNY & THE DAYTONAS |
G.T.O. |
BEACH BOYS, THE |
GOOD VIBRATIONS |
VENTURES, THE |
HAWAII FIVE-0 |
BEACH BOYS, THE |
HELP ME RHONDA |
BEACH BOYS, THE |
I GET AROUND |
BEACH BOYS, THE |
LITTLE DEUCE COUPE |
JAN & DEAN |
LITTLE OLD LADY (FROM PASADENA) |
DALE, DICK |
MISIRLOU |
CHANTAYS, THE |
PIPELINE |
JAN & DEAN |
SURF CITY |
BEACH BOYS, THE |
SURFER GIRL |
BEACH BOYS, THE |
SURFIN’ SAFARI |
BEACH BOYS, THE |
SURFIN’ U.S.A. |
VENTURES, THE |
WALK–DON’T RUN |
SURFARIS, THE |
WIPE OUT |
Les genres en relation avec le Surf-Rock